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Ecuador

Quelle joie d'arriver dans un pays nouveau : Nouvelle culture, nouvelle aventure! Des le passage du pont separant les deux pays, nous rencontrons de nouveaux oiseaux, de nouveaux sons, la vegetation a deja change. Nous venons d'entrer dans l'amazonie! A notre arrivee a l'immigration, on nous fait passer devant des centaines de venezueliens, qui migrent pour la plupart vers le perou, dans l'espoir de trouver un foyer et du travail pour nourrir la famille. Ils disent devoir travailler chez eux 1 mois pour se payer 3 oeufs... Certains attendent a la frontiere depuis la veille alors qu'en tant que touristes, on nous fait passer devant tout le monde et en moins de 30 minutes, nos passeports sont tampones pour 90 jours. "Bienvenidos en Ecuador!" nous dit on alors que nous sommes mal a l'aise d'etre passes devant  tant de gens. L'ambiance devant la porte est tendue, certains haussent le ton. Quelle tristesse de voir tous ces gens quittant leur pays en emportant rien, certains laissant leur famille derriere eux... Mais beaucoup sont emplis de curiosite et nous posent mille questions. Bien sur, c'est ce genre de voyage qu'ils aimeraient plutot faire. Ils nous encouragent vivement et nous reprenons notre route.

 

Rencontre avec les communautes indigenes

Apres notre premiere journee de velo equatorienne (et par la meme pour la premiere fois de notre vie passes dans l'hemisphere sud!!), nous nous arretons dans un village et demandons l'hospitalite. De suite une famille nous invite a monter notre tente dans leur petite maison! Nous apprenons que nous sommes dans une communaute Kitchwa: Ici il y a 3 grandes nationnnalites (Kitchwa, Huaorani et Shuar) reparties en plus de 200 communautes dans cette partie de l'Amazonie. Chaque nationnalite possede sa culture, langue et rites propres. Beaucoup se sont rapproches de la civilisation, comme nos hotes (de la communaute Sarayaku) par exemple. Des notre premier jour, nous sommes subjugues par tant de generosite. Nous decouvrons de nouveaux fruits et essences d'arbres, et degustons avec plaisir un Maïto (poisson cuit dans la feuille de bananier), que nous prepare Irma.

Le lendemain, nous prenons la route d'El Coca, capitale amazonienne du pays. En chemin nous rencontrons deux jeunes cultivateurs de palmiers a huile. Ils sont venus de Colombie il y a une dizaine d'annees, pour mieux gagner leur vie : Ils travaillent d'arrache pied leurs 28 hectares pour 103$ la tonne... Une grappe peut peser jusque 50 kg et est pleine d'epines veneneuses! Beaucoup de travail pour pas grand chose au bout... Aussi tout au long de notre route nous longeons d'interminables oleoducs de petrol, le pays en etant un grand exportateur. Ces gens pourraient etre "les rois du petrol" mais ils n'en voient pas 1 centime, la corruption etant tellement grande dans ce pays comme dans beaucoup d'autres. Pourtant ils ont tout pour etre autonomes, il y a une telle production fruitiere, legumiere et peroliere!

 

Le troisieme jour nous partons a la rencontre d'une famille Huaorani pour deux jours. Court sejour etant donne les 2h de bus puis  5h de marche dans la boue pour arriver chez eux! Nous voila en plein coeur de la jungle, coupe de toute pollution sonore ou civilisation. "Si un serpent nous mord nous devrons boire une lotion et rester allonges pendant 2 mois! Pas le temps d'aller a l'hopital!" Plus le temps passe et plus le chemin se retrecit jusqu'a n'etre plus un chemin du tout ni un sentier. Miguel qui a une vue d'aigle et une oreille bien meilleure encore qu'un ingenieur du son (""), nous montre un jaguar! Mais trop tard, nous n'avons rien vu et il est parti. Avec son pere Guinto ils se reperent etonnament dans la foret dense et il est difficile pour nous de suivre le rythme. Arrives enfin a leur cabane, nous rencontrons sa mere qui le matin meme a surpris un boa constrictor tout enroule autour du chien, pret a le manger, alors elle a crie et le serpent a pris la fuite! ("donc il doit pas etre bien loin..."). Nous montons la tente dans leur cabane (en regardant bien ou on met les mains et les pieds, un peu paranos) et nous repartons dans la foret chercher les bons elements pour fabriquer des fleches empoisonnees et chasser le toucan a la sarbacane : "en soupe, c'est tres bon pour les femmes enceintes car ca leur donne la bonne energie". Mais Anais n'est pas enceinte alors nous nous contentons de tirer dans les bananes, puis nous envisageons d'aller pecher le piranha quand une pluie battante se met a tomber alors nous rentrons tranquilles a discuter dans la cabane.

De El Coca a Banos de Agua Santa

Nous quittons El Coca avec un leger mal de gorge, sans doute du a toutes ces pluies que nous essuyons depuis de nombreux jours... Apres une longue journee de velo nous frappons a la porte de ce que nous croyons etre une hospedaje. De nombreux jeunes sont devant l´etablissement qui se revele etre en fait un institut biblique! "Voyageurs, soyez les bienvenus" nous accueillent-ils. "Vous tombez a pique, nous passons a table, venez!" Le coeur sur la main, en 5mn, nous voila assis a leur grande tablee composee d'une vingtaine de jeunes. "Si vous voulez rester dormir, il y a une chambre de libre au rez de chaussee, avec deux lits, c'est gratuit!". Cet institut a ete cree par un couple americain dans le but d'aider des jeunes souvent issus de milieux defavorises et ayant vocation de devenir missionnaires evangeliques... Nous passons la soiree autour d'un feu de camp ou chacun raconte son moment fort de la semaine, sur un air de guitare joue par l'enseignante d'anglais. Tres beau moment de convivialite.

Le lendemain nous reprenons la route, et pour changer, ca grimpe! La pluie battante nous force a nous arreter quasi au sommet, chez une dame qui entretient un magnifique jardin de colibri, au pied d'une cascade...

Merci a Margarita, Jose et Pathy chez qui nous passons la nuit suivante, a Archidonna! Que de belles personnes, nous passons la journee a refaire le monde en buvant des cafes. On parle beaucoup de politique francaise et equatorienne, et surtout de corruption, sujet sensible en equateur, ou cette famille en a fait les frais trop souvent... On sent chez Margarita une vraie volonte de se battre et de denoncer les choses. Quelle force feminine militante! Le lendemain, c'est sur, nous sommes completement malades, fievreux, la grosse creve... Nous decidons de tricher un peu en prenant un bus jusque Banos (150km et 1300m de denivele), ou nous esperons passer enfin au dessus des nuages et trouver un temps un peu plus sec afin de guerir... Mais que nenni!! Il fait plus froid encore (1800m d'altitude) et on est en pleine saison des pluies... Heureusement la ville est magnifique comme vous pouvez le voir sur les photos. On en profite pour aller au hammam.

Sinusite pour Anais et ma fameuse bronchite pour moi, la 5e depuis le debut du voyage... Ras le bol! Me voila de retour a l'hopital pour des nebulisations matin et soirs. Mais nous en profitons pour nous reposer et passer du bon temps. On se fait des copains argentins, mexicains, hollandais, australiens et equatoriens  bien sur. Anais fait tellement d'aquarelles qu'elle arrive a en vendre dans les restos, les hotels et quelques tiendas de souvenirs. Les mexicains lui commandent meme un tableau pour leur restaurant. Ca nous paie la moitie des nuits d'hotel!

Finalement, apres deux semaines de maladie (tenace!), nous pouvons enfin reprendre notre route, toujours plus au Sud...

De Banos a Riobamba

De Banos a Riobamba nous choisissons l'ancienne route, la plus dure comme par hasard etant donne l'epaisseur du sable par endroits, mais Oh combien magnifique! Nous faisons le tour du volcan Tungurahua  (5029m d'altitude) qui a erupte en 1999 et les bords de piste sont jonches de roches volcaniques... Longue et dure journee (59km 1400m de montee), nous arrivons le soir a Riobamba chez notre premier(e) Warmshower equatorien, l'allemande Sarah, qui ne fait pas de vélo mais accueille des cyclistes quasi tous les jours . Heureux hasard, viennent d'arriver egalement un couple de cyclistes allemands, avec qui le lendemain nous prendrons la route vers Cuenca via la Panamericaine. Eux sont tous frais, il viennent de commencer leur voyage il y a a peine deux semaines depuis Quito, ils sont chauds!

De Riobamba a Cuenca, via la Panamericaine

Nous voila enfin sur la fameuse Panamericaine, pour la preimiere fois depuis notre depart il y a maintenant plus de 9 mois!

Au programme :

Riobamba -Guamote : 46km 900m de montee

Guamote - Alausi : 49km 700m de montee et... on passe nos 5000km!

Alausi a un village : 63km 1600up, 4000down!

On decide de descendre le long de la cote pour retrouver le plat et pouvoir rejoindre Lima en 20jours pour etre a l'heure au rendez-vous familial. Et nous revoila sous les nuages, dans la grisaille! C'est plein de voitures, bruyant, pollue, les paysages sont defonces par les exploitations bananiere, les routes sont droites et chiantes a mourrir... Non de non! On s'arrette manger un morceau a midi, et qu'est ce qui se gare devant nous? Un bus en direction de Cuenca, magnifique ville dans les montagnes. Est-ce un signe? On se regarde et on ne reflechit pas longtemps, on met les velos dans le bus et on remonte dans les montagnes! Mieux vaut 20 jours de dur labeur dans des paysages grandioses que sur des routes cotieres denaturees et qui plus est reputees dangeureuses. Tant pis, nous prendrons encore un bus a Piura pour rejoindre Lima en temps et en heure le 3 juillet comme prevu.

Et quels vélos nous reconnaissons le soir meme dans le couloir de l'hôtel a El tambo? Ceux de nos amis allemands!! Nous continuerons encore ensembles, fabuleux!

El Tambo - Cuenca : 75km 1200m UP!

De Cuenca a la frontiere du Perou

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Commentaires: 3
  • #1

    Tifen et Thomas (samedi, 26 mai 2018 21:06)

    Salut les amis !
    On vient de lire 3 mois de votre voyage pour rattraper notre retard, et quelles expériences !!! Vous êtes sacrément courageux de parcourir autant de kilomètres mais effectivement ça en vaut la peine :) pour notre part nous sommes au Vietnam pour encore une semaine puis nous rentrons en Bretagne après 1 an et demi d'absence..
    On vous embrasse fort ! Continuez de profiter comme ça ! Des bisous

  • #2

    emilie (samedi, 23 juin 2018 07:03)

    Toujours un plaisir d'avoir de vos nouvelles. Prenez soin de vous et profitez bien du voyage. Je vous embrasse !

  • #3

    Moira (mercredi, 25 juillet 2018 19:58)

    Ur blijadur eo lenn ho istoriou! Merci à vous deux de partager tout ça, c'est génial, profitez encore et encore et courage dans les moments plus difficiles, je pense à vous ;)